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Gérard Dhôtel : mort d’un grand pédagogue

Gérard Dhôtel, décédé à l'âge de 59 ans d'un cancer foudroyant, avait derrière lui une longue carrière de journaliste où il cultivait la pédagogie et la transmission toujours vers un public jeune.

DISPARITION – Journaliste et écrivain pour la jeunesse, il est décédé à l’âge de 59 ans d’un cancer foudroyant. L’homme n’hésitait pas à aborder des sujets complexes et revendiquait sa mission de passeur de savoir.

Le 21 janvier dernier, il semblait aller bien. Gérard Dhôtel répondait aux questions du Figaro. Il venait de publier Comment parler de l’islam aux enfants (éditions du Baron perché) et apportait son éclairage suite aux attentats qui avaient frappé la France. Ce matin, le magazine Livres Hebdo nous apprend la mort brutale de l’écrivain pour la jeunesse survenue le vendredi 27 mars alors qu’il n’avait que 59 ans. Son éditeur explique qu’il a été frappé d’un cancer foudroyant.

Gérard Dhôtel avait derrière lui une longue carrière de journaliste où il cultivait la pédagogie et la transmission toujours vers un public jeune. Né en 1955, à Vitry-le-François, il avait été le rédacteur en chef du Monde des Ados jusqu’en 2010. Auparavant, il avait dirigé la rédaction de L’Hebdo des juniors, et bien avant encore, il fut le cofondateur de L’Événement junior. Son credo? «Revendiquer haut et fort ma mission de journaliste au sens où je l’entends: passeur de savoir, révélateur de sens critique et médiateur. Quelque part entre l’enseignant qui sait mais qui juge et le parent avec qui il y a une histoire trop fusionnelle pour être objective», rappelle Livres Hebdo.

Côté littérature, il s’était également consacré à faire comprendre à la jeunesse un monde complexe. Il a laissé une œuvre riche d’une trentaine de titres. Le dernier est paru le 5 février, Le livre des vrai-faux du corps humain (La Martinière Jeunesse). Dans cet ouvrage, à travers des questions pédagogiques, il propose de démêler le vrai du faux à propos du corps humain, évoquant une multitude de sujets: l’utilité de l’appendice, le nombre de clignements d’œil effectués quotidiennement, la variation de la taille au cours de la journée, la solidité des os…

Gérard Dhôtel avait participé à la collection «Ceux qui ont dit non» initiée par Actes Sud junior en publiant un livre sur Victor Schoelcher (Non à l’esclavage) et Louise Michel (Non à l’exploitation). L’écrivain n’hésitait pas à aborder des sujets chauds ou qui pouvaient paraître polémiques, même à destination des enfants. Ainsi, a-t-il parlé de la question palestinienne, de la Guerre d’Algérie ou de la drogue. Il était également féru d’Histoire où il expliquait avec soin et passion aux enfants La Révolution française à travers un jeu de questions-réponses.

Quand Le Figaro l’a interviewé, c’était donc à l’occasion de la sortie de Comment parler de l’islam aux enfants, sujet on ne peut plus difficile. Il nous affirmait, avec conviction: «Beaucoup d’adultes qu’ils soient parents ou enseignants ne savent pas comment parler de religion aux enfants. Ils ne savent pas ou n’osent pas. En temps normal, ils éludent, mais, dans ce cas précis, ce qui a suscité des réactions est l’attitude choquante de certains élèves en classe. C’est pour moi une réplique de la secousse des attentats. On se pose désormais la question sur les raisons qui ont abouti à un non-respect de la minute de silence ou même à la remise en cause des événements. Je pense qu’on ne parle plus assez des religions en classe et en famille. Cela créé une forme d’inculture et des confusions énormes. Je suis un fervent défenseur de la pédagogie dès le plus jeune âge. Il faut parler de l’islam aux enfants. Il ne faut pas hésiter à leur expliquer et un livre peut aider.» Il ajoutait: «Je ne suis pas un spécialiste, mais j’avais moi même envie de mieux connaître cette religion. Or la meilleure façon de transmettre est de se plonger dans quelque chose que l’on connaît mal.» C’était aussi un mode d’emploi de toutes ses démarches.

Mohammed Aissaoui et Françoise Dargent

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