Vive les rencontres !

Des signatures, des débats, des ateliers d’écriture…

 

« ISRAEL-PALESTINE, UNE TERRE POUR DEUX », publié en mai 2013, a obtenu

la PEPITE DU LIVRE DOCUMENTAIRE 2013, prix décerné à l’occasion du Salon du Livre Jeunesse de Montreuil !

 

 

Sur mon agenda… 2014

Prochaines signatures

25 mai 2014 : Salon de TROUVILLE

27 septembre 2014 : Rencontres littéraires de TREGUIER (22)

8 octobre 2014 : rencontre à la bibliothèque L’HEURE JOYEUSE (Paris)

 

 

 

Un jour, il a bien fallu que je devienne auteur. Jusque là, j’étais journaliste, « spécialisé dans la jeunesse », dit-on. A la recherche de l’information, avec le goût de l’instantané, de l’actualité. Et, surtout, le besoin constant, assumé, de transmettre des valeurs aux jeunes générations et d’expliquer la marche du monde.

Et puis, il y a eu une rencontre. Une éditrice qui vous lance, au moment où se clôt une conversation : « pourquoi ne fais-tu pas un livre ? ». Oui, pourquoi ? Parce que j’ai peur, parce que je ne me sens pas légitime. Ce n’est pas mon boulot. Sauf qu’un voyage dans un pays en guerre m’a permis de croiser l’héroïne d’une histoire. Et que son histoire est devenu roman, roman engagé. Et primé !

Le chemin était tracé. Le journaliste allait devenir, au fil des années, auteur.

Chez moi, l’un va avec l’autre. L’un suit l’autre ou le précède, c’est selon. Ouvrages documentaires, ouvrages pour les ados, livre sur les ados, romans historiques (toujours engagés), encore des documentaires, bientôt des romans et, souvent, des débats, des rencontres avec les collégiens et les lycéens qui m’apportent tant : telle est ma vie d’auteur aujourd’hui. Mais qu’on se rassure, le journaliste est toujours là, à l’affût…

 

INTERVIEW : HISTOIRE D’UN ITINERAIRE

Un journaliste qui devient écrivain et abandonne, presque, la profession. Regrettez-vous quelque chose ? 

« Non. Je ne regrette jamais les décisions que j’ai prises. En fait, la disponibilité engendrée par mon départ du Monde des ados, que je dirigeais jusqu’en 2010, m’a permis de me consacrer davantage à l’écriture. J’ai pu mener à bien des projets et, pour commencer, mon livre sur les ados, chez Thierry Magnier »

Comment a-t-elle eu cette transformation ? Peut-on parler à juste titre de transformation ?

« J’avais déjà un pied dans l’édition. Là, j’ai pu y sauter à pieds joints, avec les deux pieds, je veux dire. C’est une transformation et ce sentiment étrange de changement de peau. Là, le 99% journaliste devient 75% auteur. Il faut s’organiser autrement, avoir une autre notion du temps, des urgences mais aussi de la gestion de son budget. Car l’édition paye beaucoup moins que le journalisme ! »

Quelle est la différence entre l’écriture journalistique et celle narrative ?

« L’écriture journalistique, c’est la narration des faits, leur explication, de façon concise, urgente. L’écriture plus narrative oblige l’auteur à plus se dévoiler, à se mettre en scène parfois. On a le temps, l’espace, la liberté. Quoique dans l’écriture de documentaires, les contraintes journalistiques reprennent le dessus. Et c’est une bonne chose car on s’oblige à écrire pour son lecteur, à être précis dans ses formulations, à chercher la bonne source, à réfléchir au sens de ce que l’on écrit…  »

Quel regard portez-vous sur le panorama contemporain de la production pour les adolescentes ? Est-ce qu’il y a des vides à combler ?

« Les ados ont beaucoup de livres -romans, docus, albums- et de magazines à leur disposition. Le choix est varié, de qualité, adapté à diverses situations. Le problème, c’est le prix. Personne n’a encore trouvé le modèle économique qui pourrait rendre le livre et la presse accessibles au plus grand nombre. Du coup, ce sont toujours les mêmes qui lisent. Pour moi, le frein principal de la non-lecture est social. »

Des conseils à des jeunes écrivains ?

« Ecrire, réécrire, se demander : mais pour qui je fais ça ? Puis faire lire, pas forcément à des proches car leur regard n’est pas objectif, il y a trop d’affect dans la relation. Trouver une bonne histoire, solide, construite, passionnante. La qualité d’écriture viendra après »

Qui sont vos références littéraires ?

«Elles sont multiples car j’aime découvrir, picorer, essayer. J’aime Zola pour son statut d’écrivain/journaliste. J’aime Dumas pour sa façon de raconter l’histoire. J’aime Victor Hugo pour son engagement et ses visions d’avant-garde. J’aime  Hergé pour m’avoir fait rêver avec Tintin. J’aime Jean Lacouture et ses biographies. J’aime les textes de Brel. J’aime Gérard Mordillat et ses épopées sociales.  »

Quel est votre écrivain préféré ? Et pour la jeunesse ?

« Préféré ? Dumas, je crois. Pour la jeunesse ? Je suis fasciné par les illustrateurs. Enfin, par certains. Ils font ce que je ne saurais jamais faire ! »

Y a-t-il un illustrateur/trice avec lequel voudriez-vous travailler ?

« Pas particulièrement. J’aime découvrir l’illustrateur/trice que me propose mon éditeur pour tel ou tel ouvrage »

Parmi vos dernières publications, il y en a une qui a gagné la Pépite du Documentaire 2013, Israël – Palestine : une terre pour deux (Actes sud junior). Pourquoi avez-vous choisir de parler de ce thème controversé ? 

« C’est parce que, justement, il est controversé que je l’ai choisi. J’avais envie de comprendre ce conflit, comprendre aussi pourquoi il suscite tant de passions, de haines, d’incompréhensions. Pourquoi tant d’idées reçues sont proférées à son sujet. C’est une documentaliste qui m’a soufflé l’idée. Il n’y avait rien qui expliquait cette guerre. Que des ouvrages engagés ou très compliqués. Je me suis donc plongé dans ce sujet pour comprendre et, ensuite, pour expliquer. C’est mon métier. C’est ce que j’aime. »

Quels retours avez-vous eu ?

« Côté Palestinien, quelques critiques. Des détails. Côté Israélien, pareil. Donc, c’est bon signe. Côté enseignants, parents, ados : souvent un merci. Genre : je ne comprends rien à ce qui se passe là-bas. Ca va m’aider. »

De projets futurs ?

« Un docu sur la guerre d’Algérie à paraître en novembre (chez Actes Sud Junior), un docu sur les Etats-Unis (Nathan), « Comment parler d’histoire de France aux enfants (Baron Perché), un « Vrai-faux » sur l’histoire (De La Martinière) »

Pourriez-vous choisir le passage d’un livre et l’analyser : (technique narrative ; références ; rôle par rapport à la narration, etc. …)

« J’ai écrit un livre chez Syros, il y a quelques années, « Bedirya la volontaire ». Je ne sais pas trop s’il a marché ou non mais c’est mon préféré car il relate mon histoire. Ca se passe en Erythrée. C’est la rencontre d’une jeune fille et d’un journaliste. L’Afrique et l’Europe. J’ai choisi la structure à deux voix. Parfois, c’est Bedirya qui parle, parfois le journaliste et, de temps à autre, sur un même thème. Cette technique me permet de décrire le regard que l’un a sur l’autre, d’exprimer des sentiments, des sensations et, aussitôt de les contrebalancer par les propos de l’autre. C’est un jeu de miroir déformant. J’adore.

Exemple :

La rivière à sec (Bedirya)

Il est bizarre, ce Français ! Il veut nous accompagner jusqu’au village. Pourquoi pas, après tout, s’il y tient. Mais je ne suis pas sûr qu’il aura la force d’y arriver. Il fait trop chaud. La femme d’Asmara remonte dans la voiture qui fait aussitôt demi-tour pour se diriger vers le village, par la piste. Nous reprenons le chemin de la rivière. L’homme nous suit. Les garçons rient en nous voyant passer.

 

Le village (Le journaliste)

Bedirya et Noura marchent de part et d’autre de l’âne. Je les suis, quelques pas derrière. Le soleil est encore plus brûlant que tout à l’heure. Quelle température peut-il faire ? 45°C, 50 ? Je n’en sais rien. C’est long. Quelle idée j’ai eue ! Je n’y arriverai jamais. Je transpire, je trébuche, je souffle. Je n’en peux plus… Bedirya se tourne vers moi. Elle sourit. Elle se moque de moi, c’est sûr. Non, son sourire est amical (…) »

 

(février 2014)