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Honte, Monsieur le Premier Ministre, honte !

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TRIBUNE CONTRE LE 49.3. Encore une utilisation du 49.3 ! La loi El-Khomri ne plaît à personne (ou alors à pas grand monde), elle est donc amendée (ce qui veut dire discutée). Le débat commence normalement. Mais le gouvernement ne l’entend pas ainsi. Il veut aller vite. Il sort donc son joker, l’article 49.3, et il passe quand même !

Le mot « démocratie » est-il à ce point vide de sens qu’on puisse si facilement s’asseoir sur ses principes ? À quoi sert la séparation des pouvoirs si celui de l’exécutif est absolu ? Pour qu’une démocratie représentative fonctionne (et « fonctionne » est un grand mot), le seul moyen est d’équilibrer les pouvoirs en les distribuant entre différentes instances. Le pouvoir exécutif au président de la République, au premier ministre et au gouvernement ; le pouvoir législatif aux parlementaires élus ; le pouvoir judiciaire aux juges nommés et aux jurés tirés au sort ! Le pouvoir judiciaire a été écrasé par les lois sur le renseignement et par l’état d’urgence. Et le pouvoir législatif est effacé par les dispositions de la Ve République (si mal nommée) ! Faisons des économies et laissons notre gouvernement agir seul puisque, de toute façon, il l’entend ainsi. Il sait ce qui est bon pour nous, pauvre peuple ignorant manipulé par la gauche (la vraie !).

 

Même si le risque est énorme – puisque le gouvernement pourrait tomber -, même si l’on joue avec le feu face à la montée de l’extrême-droite, j’appelle les députés à voter la motion de censure déposée par la droite ! Valls et son équipe sont allés trop loin. Laisser encore une fois l’utilisation du 49.3 bafouer nos droits revient à donner au cochon le couteau pour la saignée.

Il n’est plus ici question d’être pour ou contre la loi El-Khomri. Il est ici question de revendiquer ses droits. Nuit Debout manifeste pour dénoncer cette pratique. Le PS de gauche, le PCF ou encore Jean-Luc Mélenchon sont prêts à rejoindre la droite pour dénoncer la manœuvre (certains le font plus hypocritement que d’autres). Quand le PCF et la droite s’unissent contre le Parti socialiste, on est en droit de se poser des questions.

Vincent Blanqui / DR
Vincent Blanqui / DR

J’appelle à une nouvelle Constitution plus juste, qui laisse l’exécutif à sa place et rende son pouvoir au parlement. Une Constitution qui reprendrait ce qu’il y a de bon dans le socle constitutionnel actuel et se détournerait de ses abus. Une nouvelle Constitution qui replacerait le citoyen au cœur de la res publica. Qui mettrait en place un quatrième pouvoir : la démocratie participative. Nuit Debout participe à la réécrire, à créer une nouvelle forme de gouvernance, limitée dans ses pouvoirs. Nuit Debout est une force car elle repousse les murs du possible pour rêver au-delà.

Le 49.3 est un abus de pouvoir. J’appelle chacun et chacune d’entre vous à en être conscient. À comprendre que le président de la République n’est pas le père de la nation ; que le gouvernement n’est pas votre tuteur, dépositaire de tout pouvoir. Le gouvernement ne nous représente pas. Il n’est pas élu. Il est nommé par un premier ministre, lui-même désigné par le président de la République. Des technocrates que nous n’avons pas choisis nous imposent une loi en faisant fi de nos votes, de notre voix démocratique. Appelons au renouveau démocratique !

Cette article a été corrigé, mis en page et publié dans la gazette de Nuit Debout : https://gazettedebout.org/2016/05/10/honte-monsieur-le-premier-ministre-honte/#more-6914

Merci Président !

Merci Monsieur le Président,

Grâce à vous, des enfants ont pu humer la douce odeur du gaz lacrymo samedi dernier, lors de la manif’ contre la Loi El Khomri.

Ils ont pu apprendre que manifester était mal, que les représentants de la Loi pouvaient vous punir pour cela…

Nos chers bambins ont pu comprendre que se réunir sur une place pacifiquement suffit pour être aspergé d’un gaz qui étouffe et fait pleurer.

Comme moi, les jeunes enfants ont pu voir que les CRS, facétieux, aimaient se déguiser en manifestants pour mieux s’immiscer par derrière et nous attaquer par surprise, faisant ainsi porter la faute sur une poignée de casseurs.

Cet enfant apprendra plus tard que le prix qu’il a fallu dépenser pour calmer quelques mécontents (hélicoptère compris) lui aurait permis d’avoir un salaire décent à vie.

Il saura que tout cela est possible grâce à l’état d’urgence, état d’exception dont il ne sera jamais sorti.

Démocratique, il disait ?

 

Plus d’informations :

Attentats de Paris

Gérard Dhotel, mon père, est parti le 27 mars 2015. Il n’a pas vu les terribles attentats de vendredi dernier (13 novembre). Comme nous tous, il aurait été infiniment triste et révolté. Et il aurait pris automatiquement sa plume pour écrire et pour expliquer. Il aurait parlé de l’événement, tentant d’expliquer ses causes, mais il aurait également eu un mot (ou deux) à propos de la réaction des politiques et du gouvernement. Il aurait pris le temps d’expliquer aux adultes et aux enfants. Vous pouvez d’ailleurs retrouver dans ses livres des propos qui pourront aider à appréhender l’horreur dont nous avons été victime (comment parler de l’Islam aux enfants, Aujourd’hui citoyen, Droits de l’enfant : droits devant, Non à l’indifférence). Mais mon père n’est plus là pour écrire. Modestement, je me permets donc aujourd’hui d’utiliser son site pour écrire à mon tour.

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Vive les rencontres !

Des signatures, des débats, des ateliers d’écriture…

 

« ISRAEL-PALESTINE, UNE TERRE POUR DEUX », publié en mai 2013, a obtenu

la PEPITE DU LIVRE DOCUMENTAIRE 2013, prix décerné à l’occasion du Salon du Livre Jeunesse de Montreuil !

 

 

Sur mon agenda… 2014

Prochaines signatures

25 mai 2014 : Salon de TROUVILLE

27 septembre 2014 : Rencontres littéraires de TREGUIER (22)

8 octobre 2014 : rencontre à la bibliothèque L’HEURE JOYEUSE (Paris)

 

 

 

Un jour, il a bien fallu que je devienne auteur. Jusque là, j’étais journaliste, « spécialisé dans la jeunesse », dit-on. A la recherche de l’information, avec le goût de l’instantané, de l’actualité. Et, surtout, le besoin constant, assumé, de transmettre des valeurs aux jeunes générations et d’expliquer la marche du monde.

Et puis, il y a eu une rencontre. Une éditrice qui vous lance, au moment où se clôt une conversation : « pourquoi ne fais-tu pas un livre ? ». Oui, pourquoi ? Parce que j’ai peur, parce que je ne me sens pas légitime. Ce n’est pas mon boulot. Sauf qu’un voyage dans un pays en guerre m’a permis de croiser l’héroïne d’une histoire. Et que son histoire est devenu roman, roman engagé. Et primé !

Le chemin était tracé. Le journaliste allait devenir, au fil des années, auteur.

Chez moi, l’un va avec l’autre. L’un suit l’autre ou le précède, c’est selon. Ouvrages documentaires, ouvrages pour les ados, livre sur les ados, romans historiques (toujours engagés), encore des documentaires, bientôt des romans et, souvent, des débats, des rencontres avec les collégiens et les lycéens qui m’apportent tant : telle est ma vie d’auteur aujourd’hui. Mais qu’on se rassure, le journaliste est toujours là, à l’affût…

 

INTERVIEW : HISTOIRE D’UN ITINERAIRE

Un journaliste qui devient écrivain et abandonne, presque, la profession. Regrettez-vous quelque chose ? 

« Non. Je ne regrette jamais les décisions que j’ai prises. En fait, la disponibilité engendrée par mon départ du Monde des ados, que je dirigeais jusqu’en 2010, m’a permis de me consacrer davantage à l’écriture. J’ai pu mener à bien des projets et, pour commencer, mon livre sur les ados, chez Thierry Magnier »

Comment a-t-elle eu cette transformation ? Peut-on parler à juste titre de transformation ?

« J’avais déjà un pied dans l’édition. Là, j’ai pu y sauter à pieds joints, avec les deux pieds, je veux dire. C’est une transformation et ce sentiment étrange de changement de peau. Là, le 99% journaliste devient 75% auteur. Il faut s’organiser autrement, avoir une autre notion du temps, des urgences mais aussi de la gestion de son budget. Car l’édition paye beaucoup moins que le journalisme ! »

Quelle est la différence entre l’écriture journalistique et celle narrative ?

« L’écriture journalistique, c’est la narration des faits, leur explication, de façon concise, urgente. L’écriture plus narrative oblige l’auteur à plus se dévoiler, à se mettre en scène parfois. On a le temps, l’espace, la liberté. Quoique dans l’écriture de documentaires, les contraintes journalistiques reprennent le dessus. Et c’est une bonne chose car on s’oblige à écrire pour son lecteur, à être précis dans ses formulations, à chercher la bonne source, à réfléchir au sens de ce que l’on écrit…  »

Quel regard portez-vous sur le panorama contemporain de la production pour les adolescentes ? Est-ce qu’il y a des vides à combler ?

« Les ados ont beaucoup de livres -romans, docus, albums- et de magazines à leur disposition. Le choix est varié, de qualité, adapté à diverses situations. Le problème, c’est le prix. Personne n’a encore trouvé le modèle économique qui pourrait rendre le livre et la presse accessibles au plus grand nombre. Du coup, ce sont toujours les mêmes qui lisent. Pour moi, le frein principal de la non-lecture est social. »

Des conseils à des jeunes écrivains ?

« Ecrire, réécrire, se demander : mais pour qui je fais ça ? Puis faire lire, pas forcément à des proches car leur regard n’est pas objectif, il y a trop d’affect dans la relation. Trouver une bonne histoire, solide, construite, passionnante. La qualité d’écriture viendra après »

Qui sont vos références littéraires ?

«Elles sont multiples car j’aime découvrir, picorer, essayer. J’aime Zola pour son statut d’écrivain/journaliste. J’aime Dumas pour sa façon de raconter l’histoire. J’aime Victor Hugo pour son engagement et ses visions d’avant-garde. J’aime  Hergé pour m’avoir fait rêver avec Tintin. J’aime Jean Lacouture et ses biographies. J’aime les textes de Brel. J’aime Gérard Mordillat et ses épopées sociales.  »

Quel est votre écrivain préféré ? Et pour la jeunesse ?

« Préféré ? Dumas, je crois. Pour la jeunesse ? Je suis fasciné par les illustrateurs. Enfin, par certains. Ils font ce que je ne saurais jamais faire ! »

Y a-t-il un illustrateur/trice avec lequel voudriez-vous travailler ?

« Pas particulièrement. J’aime découvrir l’illustrateur/trice que me propose mon éditeur pour tel ou tel ouvrage »

Parmi vos dernières publications, il y en a une qui a gagné la Pépite du Documentaire 2013, Israël – Palestine : une terre pour deux (Actes sud junior). Pourquoi avez-vous choisir de parler de ce thème controversé ? 

« C’est parce que, justement, il est controversé que je l’ai choisi. J’avais envie de comprendre ce conflit, comprendre aussi pourquoi il suscite tant de passions, de haines, d’incompréhensions. Pourquoi tant d’idées reçues sont proférées à son sujet. C’est une documentaliste qui m’a soufflé l’idée. Il n’y avait rien qui expliquait cette guerre. Que des ouvrages engagés ou très compliqués. Je me suis donc plongé dans ce sujet pour comprendre et, ensuite, pour expliquer. C’est mon métier. C’est ce que j’aime. »

Quels retours avez-vous eu ?

« Côté Palestinien, quelques critiques. Des détails. Côté Israélien, pareil. Donc, c’est bon signe. Côté enseignants, parents, ados : souvent un merci. Genre : je ne comprends rien à ce qui se passe là-bas. Ca va m’aider. »

De projets futurs ?

« Un docu sur la guerre d’Algérie à paraître en novembre (chez Actes Sud Junior), un docu sur les Etats-Unis (Nathan), « Comment parler d’histoire de France aux enfants (Baron Perché), un « Vrai-faux » sur l’histoire (De La Martinière) »

Pourriez-vous choisir le passage d’un livre et l’analyser : (technique narrative ; références ; rôle par rapport à la narration, etc. …)

« J’ai écrit un livre chez Syros, il y a quelques années, « Bedirya la volontaire ». Je ne sais pas trop s’il a marché ou non mais c’est mon préféré car il relate mon histoire. Ca se passe en Erythrée. C’est la rencontre d’une jeune fille et d’un journaliste. L’Afrique et l’Europe. J’ai choisi la structure à deux voix. Parfois, c’est Bedirya qui parle, parfois le journaliste et, de temps à autre, sur un même thème. Cette technique me permet de décrire le regard que l’un a sur l’autre, d’exprimer des sentiments, des sensations et, aussitôt de les contrebalancer par les propos de l’autre. C’est un jeu de miroir déformant. J’adore.

Exemple :

La rivière à sec (Bedirya)

Il est bizarre, ce Français ! Il veut nous accompagner jusqu’au village. Pourquoi pas, après tout, s’il y tient. Mais je ne suis pas sûr qu’il aura la force d’y arriver. Il fait trop chaud. La femme d’Asmara remonte dans la voiture qui fait aussitôt demi-tour pour se diriger vers le village, par la piste. Nous reprenons le chemin de la rivière. L’homme nous suit. Les garçons rient en nous voyant passer.

 

Le village (Le journaliste)

Bedirya et Noura marchent de part et d’autre de l’âne. Je les suis, quelques pas derrière. Le soleil est encore plus brûlant que tout à l’heure. Quelle température peut-il faire ? 45°C, 50 ? Je n’en sais rien. C’est long. Quelle idée j’ai eue ! Je n’y arriverai jamais. Je transpire, je trébuche, je souffle. Je n’en peux plus… Bedirya se tourne vers moi. Elle sourit. Elle se moque de moi, c’est sûr. Non, son sourire est amical (…) »

 

(février 2014)